Le Võ Viêt Nam est le nom de l’art martial transmis par Maître Nguyen Duc Moc, en France depuis 1945, et en Algérie par un de ses premiers élèves, Da Larbi Aït Abdel Malek, et camarade de travail dans une filiale de Renault-automobile dans les années 1965. Da Larbi introduit le Võ Viêt Nam à son retour en Algérie à partir de 1973.
Le Võ Viêt Nam est un style d’origine chinoise, assimilé dans une pratique traditionnelle familiale, appelée, au Viêt Nam, Võ de village. Ce n’est qu’à partir des années 1970 qu’apparaît sur les tenues l’écusson ‘’Montagne-Dragon’’ avec l’indication Son Long Quyen Thuat (fond noir, montagne en jaune, dragon rouge, dans une étroite couronne bleu encercle le tout et porte l’appellation : Sơn Long Quyền Thuật). A cette époque commence seulement l’emploi du nom d’école Sơn Long Quyền Thuật, mais jusque dans les années 80 la grande majorité des élèves déclarent pratiquer du « Võ Viêt Nam » (et non du Sơn Long Quyền Thuật).
Le style du maître
Il est difficile de définir le style qu’enseignait Maître Nguyen Duc Moc, le bouche à oreille parle de Thiêu Lâm Tù (shaolin en vietnamien) mais cela ne ressemble pas beaucoup au shaolin que l’on peut voir, de plus chaque enchaînement (Thaõ) transmis par maître Moc débute par un mouvement exigeant une très grande coordination jambes-bras qui ressemble fort aux jeu des animaux compilé par Zhou Lüjing dans le Chifeng Sui (la moelle du phénix rouge – traduit par Catherine Despeux G.Trédaniel Editeur) et qui fait penser aux exigences du Hsing I et du Tai Chi. Troublante également la manière dont est structurée la suite des Thãos du Võ Viêt Nam et qui se retrouve à l’intérieur de chaque enchaînement. La structure de chaque Thão et leur organisation croissante de 1à 6 semblent suivre la succession donnée par la théorie des 5 éléments (souffles). De là, il est possible de songer à une technique très ancienne. Un enseignement semblable à celui de Nguyen Duc Moc, malgré des recherches entamées dès 1980, n’a pour l’instant jamais été retrouvé au Viêt Nam.
Au premier regard ce qui frappe :
L'art de la contre attaque
Le déplacement est effectué en avancé soit sur un côté de l’opposant soit en déviant sa trajectoire – de ce point de vue il est possible de parler d’«Art de la contre-attaque» – ce qui additionne l’énergie du mouvement de l’assaillant à celle du mouvement de défense qui l’absorbe. Lorsqu’il est nécessaire de contre-attaquer, en règle générale l’attaque porte en premier sur les bras et/ou les jambes afin de neutraliser les possibilités de défense de l’opposant, cela facilite également les doubles coups – la contraction du corps de l’adversaire consécutive au premier coup favorise l’affaiblissement de la capacité de résistance au second. Accessoirement ce redoublement contraint à une expiration plus profonde, bénéfique à la santé.
L'enseignement initial
L’enseignement initial, inchangé de 1945 à 1975, comporte 6 Thão , 8 séries et des pratiques spécifiques : mains, coups de pied , roulades, saut, travail au sol et travail des armes.
Un travail spécifique permet de découvrir que prises de mains, clefs de bras, projections, etc... , sont inscrits dans la gestuelles des thaõs – pratique complémentaire indispensable pour en prendre conscience.
Ce programme est complété par des roulades des sauts, du travail au sol...
Le travail des armes
Les élèves au fur et à mesure qu’ils prennent de l’expérience éprouveront leur technique au travers du maniement des armes (sabre, 2 sabres papillons, lance, bâton court, bâton long et Guisarme, en correspondance avec les 6 thão).
L’ensemble de ce programme conduit à enrichir continuellement la compréhension du sens des thãos et leur pratique – et constitue une interrogation et une recherche permanente (qui prend fin uniquement chez les présomptueux).
Pédagogie des instructeurs
Les instructeurs ont développé d’autres enchaînements et exercices d’applications visant à faciliter la transmission et l’adaptation, de l’enseignement de Maître Nguyen Duc Moc, en fonction des publics.
Les combats
Une séance d’entraînement comporte enfin les combats – ce sont à la fois des exercices d’étude et l’occasion d’appliquer ce qui a été étudié. La fonction n’est pas de participer à un pugilat, où de se révéler le plus fort.
Le combat est une occasion de progresser en recherchant à mettre en œuvre et appliquer les techniques apprises.
Plus important encore : c’est une occasion de gérer son stress.
Avec la persévérance la pratique du combat permettra de passer de la réaction, celle de l’émotion à une lucidité de plus en plus grande, à une conscience sereine dans laquelle tous les sens demeurent disponibles, non perturbés par les affects.
De la pratique sportive à l'Art
Il est bien évident qu’étant conduit à être attentif à la manière de faire les mouvements vous aller passer de la pratique sportive à l’art.
La pratique vous confronte à vos limites, ce qui vous condamne à « vous écouter » à écouter votre corps. Vous devez changer les manières de faire, être responsable de vos mouvements, cela peut contribuer à votre manière de voir le monde et en tout cas à accroître votre concentration.
Moins facilement perceptible et peut-être encore plus importante, la transformation de votre corps et de votre esprit, si la pratique régulière est maintenue – cela est déjà très sensible au bout de 2 ou 3 années.
Et dans la vie quotidienne ?
Si jamais vous ne pouvez pas éviter une confrontation, ce qui est déjà un échec pour un Võ sinh, vous ne réfléchirez pas au coup que vous allez éviter, à la contre attaque que vous porterez, il n’y a pas le temps ; en un éclair s’exprimera le corps et l’esprit que vous aurez formé à l’entraînement et dans votre recherche personnelle.
« Comment il faut vaincre – il ne faut pas vouloir vaincre lorsqu’on a seulement la perspective de dépasser son adversaire d’un cheveu. La bonne victoire doit réjouir le vaincu, et avoir quelque chose de divin qui épargne l’humiliation »
F.Nietzsche, aphorisme 344, le voyageur et son ombre, 1880.